Quelle place pour l’innovation dans la politique éducative de Benoit HAMON ?

Comme le précise le ministre, la circulaire de rentrée est « l’occasion de définir les orientations pédagogiques et éducatives, et les principales mesures de la rentrée scolaire à venir ».

On peut comprendre qu’elle donne les priorités pour lesquelles le ministre souhaite que les recteurs et les cadres de son ministère s’engagent pour l’année 2014-2015.

La complexité du système éducatif ne permet pas de refonder par une seule loi et en peu de temps l’École de la République. Il est certain que seule une approche patiente et durable peut créer les conditions propices à l’évolution indispensable de l’École, que parents, experts et politiques appellent de leur vœux.

Dans ce cadre, nous ne pouvons que nous étonner de la disparition de « l’innovation » comme facteur à promouvoir afin de rendre possibles les transformations nécessaires de l’École. En effet, il est à noter que jusqu’à présent l’encouragement des pratiques innovantes semblait constituer l’un des rares objectifs de l’éducation nationale qui dépasse les débats partisans. C’est ainsi que depuis 2010, la circulaire de rentrée a toujours promu l’innovation comme un médiateur privilégié des changements à penser, offrant « la possibilité de repérer et de susciter des démarches dynamiques d’évaluation, de formation et de mutualisation » (circulaire de 2010), « permettant de mieux tenir compte de la diversité des élèves et de leurs besoins spécifiques » (circulaire de 2011), constituant un « levier de conduite du changement dans un système complexe » (circulaire de 2012) ou bien encore, propre à « faire évoluer en profondeur le système éducatif » (circulaire 2013).

Nous sommes donc extrêmement surpris de ne trouver citer qu’une fois le terme d’innovation dans la circulaire de rentrée, et seulement associé au champ du numérique.

Comment peut-on expliquer l’absence de référence à l’innovation dans cette circulaire ? Si comme l’affirme notre ministre, la volonté de changement est toujours présente, comment peut-on omettre de rappeler son soutien à l’un de ses incontournables vecteurs ?

Présidé par Didier Lapeyronnie, le Conseil de l’Innovation pour la réussite éducative a été installé au printemps 2013 en ayant notamment pour mission d’identifier les pratiques innovantes et d’impulser l’esprit d’initiatives innovantes. Après une année de travail, de réflexions et d’échanges, ses membres se sont mis d’accord sur des propositions d’orientations qui seront prochainement communiquées au ministre qui visent à impulser, pour le dire vite, une nouvelle dynamique, et des modes de faire propices à un système plus ouvert que celui que l’on connaît, souvent critiqué pour ses cloisonnements, sinon sa rigidité.

Dans un climat où le ministère apparaît parfois plus inquiet des critiques qui pourraient lui être adressées que porté par une véritable volonté d’évolution, il sera important d’être attentif au destin de ce premier rapport et, pour le ministère, d’en faire une occasion de réparer cet « oubli » plus que préoccupant.