Le CLE : Une autre façon de vivre l’école

Le collège Lycée Expérimental , membre de la Fédération des Établissement Scolaire Publiques Innovants (FESPI), est en premier lieu une école dont la vocation est d’assurer la réussite scolaire de ses élèves. Le CLE prépare aux examens du C.F.G, du Brevet et aux baccalauréats S, ES et L. L’expérimentation réside dans la volonté de l’équipe de se renouveler sans cesse dans ses approches pédagogiques, de proposer des projets, afin de déterminer la manière la plus efficace de travailler avec les élèves. C’est aussi l’implication des enseignants dans la gestion de l’établissement. Ces différents points font d’ailleurs l’objet d’un travail commun avec le Rectorat, l’établissement servant de ressource dans l’Académie, sur l’innovation).

Le projet du CLE suppose donc que l’établissement exerce un certain contrôle sur le recrutement des élèves, de façon à ce que la population soit la moins atypique possible. Il s’agit là de résister à la pression des familles qui aboutirait facilement , si l’on n’y prenait pas garde, a faire du CLE soit une école pour élite », soit une « clinique ». L’ambition du CLE est en effet de donner à ses travaux une portée assez générale pour que les résultats de l’expérimentation puissent être transférables, pour tout ou partie, aux autres établissements scolaires.

Pour ce faire, nous souhaitons prendre en considération tous les aspects de l’élève, en tant que citoyen et avant tout, en tant qu’individu. Il s’agira donc à la fois de traiter et de prévenir l’échec scolaire, d’anticiper sur les besoins de la société en matière de formation et de chercher les moyens d’individualiser les parcours de façon plus radicale, de manière à essayer de répondre aux besoins de chaque élève. Il faut souligner que le CLE. se donne pour objet de travail privilégié la recherche sur l’institution (construire un ou des modèles d’E.P.L.E.) et non l’accueil ou la réinsertion de jeunes en difficulté. Ce dernier type de projet supposerait en effet des structures et des compétences spécialisées qui ne sont pas celles de l’établissement.

Le projet du CLE suppose également que l’équipe éducative continue à jouir d’une entière liberté d’action, que les enseignants continuent à être cooptés. L’expérience a montré en effet que l’efficacité de l’équipe était directement liée au fait qu’étant maîtresse de ses choix, elle est aussi responsable de ses actes, à ses propres yeux, aux yeux des élèves et des familles, comme devant les autorités de tutelle. Aussi est-il souhaitable que les enseignants qui viendront grossir l’équipe du CLE soient associés le plus tôt possible à ses travaux, comme le seront du reste les parents d’élèves et tous ceux qui sont partie prenante du projet.

Le projet pédagogique et les pratiques pédagogiques

Une école de la socialisation : tout est éducatif.

Les professeurs sont à la fois instructeurs et éducateurs. Scolariser ou rescolariser les élèves qui refusent l’école ou que l’école a rejetés Socialiser l’élève en développant chez eux le respect des autres, l’autonomie et le sens des responsabilités. Favoriser la connaissance et l’expression de soi, la créativité et l’élaboration d’un projet personnel. Les semaines interdisciplinaires : gestion de son corps, de sa sociabilité, éveil artistique, histoire et rôle des institutions, traitement de l’information, histoire des religions, mythes et philosophies, écologie… Les TDD (Temps de décloisonnement disciplinaire) : dispositif propre au CLE faisant intervenir deux ou plusieurs matières à raison de 3h le vendredi sur une période de 3 semaines.

Une école du respect : l’élève est une personne.

Des effectifs raisonnables pour tous et une école à taille humaine. Le rythme scolaire Là où les textes prévoient une heure, le C.L.E. assure 45 minutes. C’est ainsi le quart du volume horaire d’enseignement qui peut être géré de façon souple, par périodes de 3 à 7 semaines, pour répondre au plus vite aux besoins des élèves. Les cours disciplinaires se terminent à 14h, l’après midi étant réservée à des activités de production. En ce qui concerne la prise en compte de l’individu, elle pourrait être représentée par le système de tutorat. Chaque élève est encadré par un tuteur. Chaque tuteur suit environ quatorze élèves. Ce suivi se concrétise par des temps de rencontre collectifs, autour de la vie dans l’établissement, ainsi qu’autour des difficultés d’apprentissage, d’acquisition de méthodologie de travail et de soutien. Les temps de rencontres sont aussi individualisés par des rendez-vous entre tuteur et tutoré.

Une culture du dialogue, du contrat et de la parole qui s’engage : Les élèves disposent de temps de bilan, où ils peuvent s’exprimer sur tous les aspects de leur vie au sein de l’établissement : Éducation à la vie civique, participation à élaboration des règles de vie, éducation à la gestion d’un budget.

Le système de délégation, leur offre aussi la possibilité de prendre part aux décisions de l’équipe sur l’établissement, notamment pour les lycéens grâce à leur présence à la concertation.

Les élèves sont associés au nettoyage de leurs salles, ainsi qu’au fonctionnement de la cantine, afin de favoriser le respect des locaux et la prise en charge collective des tâches.

De manière générale, le dialogue est favorisé, et ce également dans le cadre des sanctions. Notre objectif est que les élèves intègrent les exigences nécessaires à toute vie en collectivité, dans un esprit de respect mutuel.

Une école de la démocratie et le l’émancipation : autogestion, responsabilité et culture pour tous.

D’un point de vue scolaire, nous alternons tout au long de la semaine les temps de cours, d’option et d’atelier. Les options se répartissent sur des périodes de trois semaines environ. Durant ce temps, nous proposons des sujets différents, tels que : Histoire-géographie, sciences, Histoire de l’Art, Rock, plaisir de lire, musique et cinéma ou orientation. Un enseignement de spécialité audiovisuelle est proposée aux lycéens, et fait partie intégrante des épreuves du bac.

Durant les ateliers, qui durent un trimestre, il s’agit de rendre les élèves acteurs de leurs connaissances. A titre d’exemple, beaucoup d’ateliers du premier trimestre sont tournés vers la mise sur pied de la soirée cabaret. Les élèves, guidés par les enseignants élaborent une représentation théâtrale, un concert, des courts métrages qu’ils présentent lors d’une grande soirée qui a lieu en décembre et vient clore le premier trimestre. Lors de cet événement, comme tout au long de l’année, c’est un autre atelier de lycéens qui assure la communication, en apprenant à maîtriser les outils nécessaires à de telles démarches. L’association CLE solidarités permet également un présentation publique des ateliers d’expressions tout au long de l’année. Autres exemples, l’Atelier Auber, durant lequel les lycéens assurent un soutien auprès d’élèves de primaires, et sont ainsi confrontés aux difficultés des élèves et à la démarche éducative et l’Atelier entraide qui consiste à permettre aux élèves de 5ème d’être aidés dans leur travail personnel par un lycéen.

Ces divers éléments ne sont pas « ajoutés » à l’enseignement. Ils sont considérés comme faisant partie intégrante de la formation reçue par les élèves et sont évalués en tant que tels. Ils sont destinés à préparer à la vie sociale, à valoriser et à développer les qualités humaines des élèves, celles qui ne trouvent pas toujours l’occasion de s’exprimer dans les activités purement scolaires, mais qui contribuent puissamment à la formation de l’esprit et à celle de la personne. Donner accès à une culture aussi large que possible est un objectif essentiel (transmission de l’héritage et ouverture sur le monde contemporain).

Loan Simon Hourlier , le 5 mars 2012