Le Lycée Autogéré de Paris

LAPLycée Autogéré de Paris
393 rue de Vaugirard
75015 Paris

Tel : 01 42 50 39 46 ou 47
Fax : 01 42 50 16 64

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Les portes du LAP se sont ouvertes en septembre 1982, sous l’égide du Ministère Savary. Il s’agissait pour le groupe d’enseignants et d’élèves rassemblés autour de Jean Lévi de mettre en œuvre, à l’échelle d’un établissement, un projet inspiré de l’Ecole autogérée de Marly et du Lycée expérimental d’Oslo (Norvège).

La réflexion des enseignants a été nourrie de la lecture des praticiens et théoriciens de l’Éducation nouvelle : Piaget, Dewey, Neill et Freinet, et de la pédagogie institutionnelle, ainsi que de la participation à divers mouvements pédagogiques.

Nous essayons d’intervenir auprès de jeunes en leur offrant un espace de liberté qui leur permet de se stabiliser, de trouver leur chemin et d’être capable de faire des choix, de prendre en main leur existence. Ceci demande du temps, de la patience et un éventail d’activités qui permettent à chacun de trouver un domaine, ou plusieurs, où ils pourront prendre la parole, montrer leurs compétences et talents et par là même remettre en cause la prophétie souvent entendue de l’échec scolaire.

Notre établissement porte le nom de Lycée Autogéré de Paris. Cet établissement est un lieu de formation et d’éducation. Les membres du lycée autogéré sont de deux sortes : les enseignants (l’équipe éducative), et les élèves, venant pour acquérir une formation de niveau secondaire.

Ce qui est recherché, c’est la participation de tous aux actions et aux décisions qui se rapportent à la vie de l’établissement : c’est en cela que nous disons que notre établissement est un lycée autogéré. En particulier cela signifie que la différence de statut n’est pas considérée comme un obstacle, mais plutôt comme une richesse, à l’image de ce qui se passe dans une société démocratique.

L’équipe éducative est garante du cadre. Ce cadre consiste en principes éthiques, philosophiques et pratiques que l’on pourrait résumer en parlant de recherche organisationnelle et institutionnelle permettant la construction et le maintien d’un véritable « régime démocratique ».

Nous souhaitons donc que chaque élève soit citoyen de l’établissement.

Les membres de l’équipe sont convaincus que la citoyenneté s’apprend en la vivant au sein d’une communauté de petite taille. Vivre et agir parmi d’autres de manière réfléchie est une condition préalable à la compréhension de la citoyenneté à l’échelle d’une nation ou à l’échelle de la planète, de la Citoyenneté « abstraite ».

La citoyenneté considérée comme savoir vivre ensemble est à la fois le fondement indispensable de cette expérience et l’objet d’un apprentissage continuel. Car à travers la « citoyenneté » c’est la question des liens qui est posée. Et chez nous, justement, nous cherchons à en tisser. Il est important de comprendre que c’est l’esprit de cette expérience qui nous pousse à établir des relations interpersonnelles, à construire des réseaux d’obligations, d’échange et de solidarité.

Nous devons communiquer avec des mots, symboliser, dire ce qui nous arrive, ce que l’on veut, ce qui nous déplaît, en particulier réfléchir, discuter ensemble. D’une manière plus générale, retrouver des significations, en instituer ou en ré-instituer d’autres.

L’expérience nous prouve que les adolescents peuvent apprécier que des normes soient explicitées, et qu’un certain nombre de valeurs soient affirmées et même reconstruites. La plupart du temps, chacun admet le contrôle social et sait que ce n’est pas le manquement de quelques-uns à un certain nombre de principes qui va entraîner la perte de tous.

Les membres de l’équipe souhaitent que les élèves fassent l’expérience d’une sorte de contrat social, à petite échelle bien entendu. La taille de notre établissement nous permet d’allier démocratie directe et démocratie indirecte. C’est pour ces raisons qu’il est fondamental de garantir la liberté-participation de tous les membres de la communauté éducative. Un élève est libre parce qu’il peut participer aux choix « politiques » de l’établissement. Il s’agit là, en quelque sorte, d’une liberté politique qui correspond aux orientations de recherche sur la « démocratie ». C’est dans ce sens-là qu’on peut dire que l’élève est citoyen, avec toutes les difficultés que cela soulève chez les adeptes des définitions strictes. Ces difficultés sont certainement héritées d’une conception « jacobine » de la société qui ne voit de citoyenneté que par rapport à l’État, et qui ne voit de liberté qu’individuelle.

À travers ce fonctionnement sont reconnus ou mis en place des dispositifs et des hiérarchies variés. Par exemple, il y a des élèves responsables de la salle informatique. Il y a aussi des groupes qui se forment autour d’un projet qui devient leur projet. Il est possible pour tout individu ou groupe de participer à des activités déjà là ou d’en créer de nouvelles. La mobilité, l’ouverture sont souhaitées, et les recours prévus. Tout individu, tout groupe peut en appeler à la réunion générale de gestion, dont la fonction de régulation est importante, en appeler à l’Assemblée générale qui – à condition de respecter le quorum requis – est souveraine.

Même si notre établissement n’est pas un état miniature, les questions des libertés, des droits et des devoirs y sont posées, et il nous faut donner des réponses dont certaines sont formalisées.

Un certain nombre de lois et de règles ont été formulées au cours des années. Comme cela se passe dans la société « réelle », elles l’ont d’abord été sur les sujets problématiques. Les énoncer par écrit, les répéter fait partie de notre travail. La connaissance de grands principes, la conscience individuelle et collective font le reste : c’est ce que certains appellent le sens des responsabilités, ce que d’autres appellent tout simplement l’humanité.